Cinquième habitude toxique
Prendre en charge
Je ne prends plus l’autre en charge !
De manière humoristique, l’on pourrait dire que les seules personnes autorisées à nous prendre en charge, ce sont les professionnels de l’urgence : les médecins urgentistes, les pompiers, les secouristes, les sauveteurs…
Les autres, éventuellement, ne devraient jamais envisager que d’aider l’autre, mais jamais le prendre en charge (nous verrons plus bas la différence entre les deux).
Quand on y réfléchit, cette cinquième habitude toxique découle naturellement des trois habitudes précédemment abordées :
- Lorsqu’on interprète les attentes et les demandes implicites de l’autre, sans qu’il ait à exprimer quoique ce soit, on entre très clairement dans un processus de prise en charge non seulement de ses besoins, mais SURTOUT, de son incompétence à prendre la responsabilité de ceux-ci ! Avec comme conséquence, l’entrée dans une dépendance qui aura tendance à croître avec le temps…
- Lorsqu’on se fait une raison pour minimiser l’importance de nos frustrations, de peur de choquer l’autre, de le mettre en colère, c’est le signe qu’on le prend en charge. Souvent, en effet, lorsqu’on veut protéger l’autre en ne lui disant pas quels sont nos VRAIS besoins, c’est le signe que nous ne faisons pas confiance en sa capacité de faire face à cette confrontation authentique… Donc, nous prenons en charge ce que nous croyons être une faiblesse chez lui…
- Et bien entendu, lorsqu’on fait des concessions, c’est parce qu’on juge l’autre incapable de négocier avec nous et de chercher une solution qui respecte nos besoins respectifs. Nous préférons alors prendre en charge cette incapacité chez lui en sacrifiant le respect de nos propres besoins.
CONSEIL N° 5 : PRENEZ 0 % LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉALITÉ DE L’AUTRE.
Concrètement, voici quelques attitudes simples que vous pourriez adopter pour échapper à ce piège de la prise en charge de l’autre :
- Tant que l’autre n’a pas exprimé une demande ou un besoin, n’intervenez pas. Par contre, « ne pas intervenir » ne signifie pas « ne rien faire »… Vous pouvez par exemple AIDER l’autre à exprimer sa réalité. Et une fois que la demande ou le besoin sont formulés, SEULEMENT ALORS, vous vous positionnez (en répondant favorablement ou non) ;
- Lorsque vous avez une limite à exprimer à l’autre, lorsque vous devez le confronter, lorsque vous souhaitez lui exprimer une frustration ou un besoin, n’anticipez pas ses réactions Á PRIORI !
- Prendre 0 % responsabilité de la réalité de l’autre, c’est aussi ne pas faire de projection sur la manière dont il pourrait réagir à vos propos ;
- Faites confiance dans la capacité d’un individu à rebondir et à se remettre en question, lorsqu’il se retrouve dans une situation difficile (sauf les situations objectives de danger). De la même façon qu’un bébé tombera en moyenne 300 fois avant de maîtriser la marche et la course, il est important que vous permettiez à l’autre d’apprendre de ses erreurs. Et pour favoriser cela, la meilleure approche, c’est de NE PAS S’INTERPOSER trop vite, trop tôt et de façon trop intrusive…
Voici la stratégie d’entraînement que je vous propose :
- Choisissez trois situations où vous avez l’impression qu’une autre personne est dépendante de vous ;
- Vérifiez en quoi vous avez initié cette mise en dépendance ;
- Cherchez également comment vous entretenez cette dépendance dans la durée, sans qu’aucun des deux ne soit gagnant dans cette situation ;
- Regardez ce que vous pourriez mettre en œuvre pour modifier cette dynamique ;
- Persévérez et sélectionnez d’autres situations…
*Source : Jean-Jacques Crévecoeur "Relaltions et jeux de Pouvoir" Ed : Jouvence